vendredi 31 août 2012

Le goût des pépins de pomme, Katharina Hagena



À la mort de Bertha, ses trois filles, Inga, Harriet et Christa, et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, à Bootshaven, dans le nord de l’Allemagne, pour la lecture du testament. A sa grande surprise, Iris hérite de la maison et doit décider en quelques jours de ce qu’elle va en faire. Bibliothécaire à Fribourg, elle n’envisage pas, dans un premier temps, de la conserver. Mais, à mesure qu’elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin qui l’entoure, ses souvenirs se réveillent, reconstituant l’histoire émouvante, parfois rocambolesque, mais essentiellement tragique, de trois générations de femmes.
Katharina Hagena nous livre ici un grand roman sur le thème du souvenir et de l’oubli.


Une petite déception que ce roman. Je ne sais pas pourquoi je m’étais attendue à un très bon moment. Enfin si, je sais : à cause de la couverture absolument splendide ! Comme quoi, il ne faut vraiment pas juger un livre sur sa couverture ! En réalité, cette lecture date un peu et je n’en garde que très peu de souvenirs… Sinon celui d’une lenteur engourdissante. L’histoire n’est pas palpitante bien qu’elle soit assez jolie mais j’ai surtout trouvé qu’il y avait beaucoup, beaucoup de longueurs… et quelques répétitions.

J’ai eu bien du mal à m’attacher à Iris que j’ai trouvé terne, lymphatique et nonchalante. Son histoire avec Max n’a pas réussi à me toucher, même si le personnage de Max en lui-même était intéressant et aurait mérité quelques approfondissements, à mon sens. La sœur de Max m’a aussi beaucoup intriguée. J’ai bien mieux accroché aux passages concernant les générations précédentes ; plus vivantes, paradoxalement. J’ai aussi aimé les descriptions des tantes d’Iris (dommage que l’histoire ne soit pas uniquement autour d’elles !), et de sa cousine, Rosemarie. 

J’aurai préféré que le roman ne soit pas rédigé à la première personne, je pense que cela aurait pu apporter une autre dimension à l’histoire et davantage de profondeur aux personnages. Le style ne m’a pas déplu mais m’a semblé un peu lourd ce qui n’a fait qu’accentuer l’impression de lenteur générale. Un premier contact moyennement convainquant, donc, avec la littérature allemande. Ceci dit, il y a des perles de délicatesse, des étincelles de génie dans certaines phrases de cet ouvrage. Je vous invite à lire les quelques citations à la fin de cet article. Le travail et la réflexion sur le sens profond des mots est aussi un point fort de l'ouvrage. 

Au final, je ne sais même pas si ce roman est triste ou ironique ou drôle, léger ou grave… Il est juste lent. En bref, beaucoup d’ennui et peu de souvenir. C’est dommage pour un roman centré autour du travail de mémoire ! Cette dimension de la mémoire a été travaillée, certes, mais elle reste assez superficielle. Ou est-ce la mémoire qui est défaillante ? Car finalement, des mystères demeurent autour de cette famille et du drame qu’elle a connu. Et ces zones d’ombres persistantes ne m’ont pas paru un artifice délicat ou poétique… juste un point frustrant supplémentaire. 

Je suis sortie de cette lecture un brin nostalgique mais surtout perplexe : suis-je passé à côté de la poétique du roman, de ce que l’auteur avait à dire ? Cette histoire ne m’a donc pas touchée mais je vous invite à lire des avis plus élogieux que le mien ici ou , car je pense que certains pourraient apprécier davantage cette ambiance « roman familial » que moi. 

Par ailleurs, si ce roman faisait l’objet d’une adaptation cinématographique, j’irai le voir sans l’ombre d’une hésitation car je pense que ce support servirait mieux la trame du livre en la rendant plus légère et plus dynamique avec probablement une esthétique très travaillée, comme l’est ma couverture !



Enfin, voici quelques très jolies citations tirées de l’ouvrage :
" J'aimais lire et manger en même temps(...). C'était merveilleux les histoires d'amour avec une portion de gouda, les récits d'aventures avec du chocolat aux noisettes, les drames familiaux avec du muesli, les contes de fées avec des caramels mous, les romans de chevalerie avec des cookies...."
"L'oubli n'était donc lui-même qu'une forme de souvenir. Si l'on n'oubliait rien, on ne pourrait pas non plus se souvenir de quoi que ce soit. Les souvenirs sont des îles qui flottent dans l'océan de l'oubli. Il y a dans cet océan des courants, des remous, des profondeurs insondables. Il en émerge parfois des bancs de sable qui s'agrègent autour des îles, parfois quelque chose disparaît. Le cerveau a ses marées."
"Vous savez les enfants, il y a trois choses que l'on peut contempler continuellement sans jamais s'en lasser. L'une de ces choses, c'est l'eau. L'autre, c'est le feu. Et la troisième, c'est le malheur des autres".
"Lire signifie collectionner, et collectionner signifie conserver, et conserver signifie se souvenir, et se souvenir signifie ne pas savoir exactement, et ne pas savoir exactement signifie avoir oublié, et oublier signifie tomber, et tomber doit être rayé du programme".

♥♥♥♥♥

2 commentaires :

  1. Coucou Aurore... Je découvre ton blog, en effet, je n'y étais jamais allé... Pour ma part, j'ai beaucoup aimé de livre en douceur, qui irait, je trouve, finalement assez bien pour notre troisième
    rencontre sur les souvenirs d'enfance... Je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il ne se passe pas grand chose, cependant, j'ai aimé la douceur qui émane de ce roman...

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    1. C'est vrai qu'il serait parfait pour notre troisième thème ! Dis donc, si on commence déjà à avoir des avis divergents, les réunions promettent d'être longues et intéressantes...mais c'est tant
      mieux !


      Je suis contente que tu fasses partager un avis différent : après tout, ce roman a eu beaucoup de succès, il a certainement beaucoup à offrir. Je n'y ai juste pas été sensible... Des goûts des
      couleurs !


      Merci pour ton commentaire en tout cas !

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